Des indicateurs visibles de bien-être
Notre équipe joue un rôle important sur le plan international dans la caractérisation des indicateurs et la mesure du bien-être chez le cheval. Nous avons ainsi montré, grâce à des innovations méthodologiques, que des altérations du bien-être peuvent amener à des modifications posturales chroniques chez les chevaux et les porcs (Coll. GIS CCS, INRA). Nous utilisons maintenant cette méthodologie pour étudier l’impact du travail sur ces changements posturaux. Nous essayons aussi de distinguer les croyances communes des données scientifiques et avons montré chez les chevaux et chez les macaques (coll. Equipe 3), que le jeu adulte n’est pas un indicateur de bien-être fiable, voire constitue même un signal d’alerte sur les conditions de vie offertes.
Un indicateur acoustique d’émotions positives chez les chevaux ?
Nous avons trouvé des signaux acoustiques (les ébrouements) qui sont d’avantage émis quand les chevaux sont dans des situations plus positives (e.g. pré) y compris au travail (e.g. phases où le cavalier laisse plus de confort à l’animal). De façon intéressante, ces signaux acoustiques sont aussi présents chez d’autres espèces, comme les rhinocéros, qui les produisent aussi dans des moments de calme positif (Coll. Univ. Hanover, Allemagne). De plus, les chevaux qui sont dans les meilleures conditions de bien-être, en produisent davantage, montrant qu’un état de bien-être (chronique) facilite les émotions calmes positives quand la situation y est favorable.
Le cheval : un modèle pour aborder la relation mutuelle entre bien-être, cognition et émotions
La recherche en psychologie cognitive a montré de façon répétée qu’émotions et cognition sont liées l’une à l’autre. Ainsi, des désordres psychologiques sont associés à des biais cognitifs (d’attention, de mémoire et de jugement). De même, une douleur chronique peut affecter attention, apprentissage et/ou mémoire. Des études en laboratoire ont permis d’obtenir des informations importantes sur les processus en jeu, mais des observations de modèles animaux spontanés, vivant dans des conditions de stress/bien-être différentes, peuvent aider à comprendre comment cognition et bien-être sont liés dans le monde « réel ». Les chevaux domestiques constituent un tel modèle car ils vivent dans une variété de conditions qui impactent leur état de bien-être. Nous avons réalisé une synthèse de la littérature scientifique sur la cognition et le bien-être chez les chevaux et leurs relations, examinant comment les émotions et le bien-être peuvent affecter les processus cognitifs chez les chevaux et impacter la façon dont ils perçoivent leur environnement (y compris le travail). Nous y proposons de nouvelles méthodes pour évaluer la relation entre bien-être et cognition, et discutons comment cela se relie à l’évolution du système nerveux central (cerveau) et à la part jouée par la domestication.
L’attention peut stimuler la cognition sociale chez des nouveau-nés humains
Les nouveau-nés humains sont sensibles à l’état attentionnel d’adultes s’adressant à eux en parlant : ils préfèrent des visages avec un regard direct vers eux plutôt que ceux avec un regard vers eux mais dirigés au-dessus de leurs yeux (« regard distant »). Dans ce dernier cas, ils ne sont d’ailleurs plus capables de discriminer des visages familiers ou non familiers (Coll. Univ. Paris V, Paris 10).
Identifier les meilleures pratiques pour stimuler l’attention sociale chez des enfants avec des troubles du développement
La redirection de l’attention de l’adulte vers l’animal pendant les interventions assistées par l’animal pourrait être un moyen de stimuler les comportements attentionnels chez des enfants avec trouble autistique, en les laissant être « acteurs » de l’interaction et en diminuant le côté « invasif » qu’ils peuvent ressentir quand les adultes s’adressent à eux de façon répétée. Ce dernier résultat est très important car il révèle des compétences sociales inattendues chez ces enfants, comme par exemple l’intérêt pour les interactions sociales, la capacité à maintenir une attention visuelle, une certaine forme d’empathie exprimée lorsqu’ils tentent d’intervenir dans les interactions adulte-chien pour regagner de l’attention.